Composés de plusieurs espaces distincts, ces deux bâtiments possèdent une vocation domestique certaine.
LE BÂTIMENT 1
Le bâtiment 1 présente une forme rectangulaire mesurant 22,60 x 6,80 m, soit une surface au sol d’environ 154 m². Il est divisé en trois espaces : une grande pièce centrale et, de part et d’autre, une pièce latérale de plus petite dimension. Au cours de la période comprise entre le milieu du Ier siècle et la deuxième moitié du IIe siècle, le bâtiment fait l’objet de plusieurs agrandissements. À l’extérieur, peu de structures ont été découvertes : une calade, une sépulture en bâtière, datée par radiocarbone entre 252 et 408 ap. J.-C., et un massif de pierres qui a pu servir de support à un conteneur (dolium ?) dans lequel viendraient s’écouler les eaux de pluie issues de la toiture.
L’occupation du bâtiment est caractérisée par la présence d’un cellier et d’un foyer surélevé relativement bien conservé dans la pièce centrale. Ces structures ainsi qu’une fosse, qui a pu accueillir un dolium de petit format, et le mobilier usuel retrouvé dans les différents niveaux (en particulier une barre de grill et un couteau) confirment la vocation domestique de l’espace central. Le bâtiment a la particularité d’avoir subi un incendie entre 60 et 90 ap. J.-C., un phénomène rarement identifié pour cette période. Le mobilier céramique usuel et brulé, les éléments d’une meule ainsi que des éléments de parure de corps et vestimentaire retrouvés dans les niveaux d’incendies renvoient aussi à une fonction domestique du bâtiment. Seule la pièce méridionale rassemble un modeste lot d’objets peu évocateurs qui pourrait indiquer la présence d’un espace de type resserre ou d’un espace de stockage domestique.
Localisation
Die Pibous et Cougnes (Drôme)
Année d'intervention
2020-2022
Période
Gallo-romain
Responsable d’opération
Thibaud Canillos
Maître d’ouvrage
Communauté de communes du Pays Diois
LE BÂTIMENT 2
Le bâtiment 2 présente de nombreux point commun avec le bâtiment 1 ; il a aussi une forme allongée, mais en forme de « L », la même orientation et une division des espaces comparable. Il mesure 21,90 x 7 m, soit une surface de 177 m². Le corps du bâtiment est divisé en trois espaces auxquels s’ajoute une pièce formant la base du « L ». Deux phases d’occupation ont été discernées.
Dans sa première phase, entre la fin du Ier et la moitié du IIIe siècle, le bâtiment comporte un espace de stockage et, dans la pièce centrale, un cellier strictement similaire à ceux du bâtiment 1. Autres points communs, à l’extérieur, le bâtiment 2 possède aussi une calade et deux massifs qui ont pu avoir pour fonction de supporter un réceptacle (peut-être un dolium dont des fragments ont été découverts à proximité immédiate) pouvant recueillir les eaux de pluie qui ruisselaient sur les toitures. Le bâtiment 2, en revanche, a la particularité d’avoir livré une portion de toiture effondrée et conservée sur une surface d’environ 115 m². L’étude minutieuse de chacune des tuiles a permis de dater la fabrication de la toiture effondrée entre la fin du Ier et le dernier quart du IIe siècle, et de proposer une restitution. Enfin, un petit contexte particulier, dont nous n’avons pas trouvé d’équivalent a été mis en évidence au nord-est du bâtiment. Il est constitué de plusieurs tuiles découvertes en association avec un lot de céramique daté du IIIe siècle, 4 as dont un d’Antonin pour Faustine divinisée, un sesterce, ainsi qu’une grande cruche et deux fioles. Il pourrait correspondre aux vestiges d’une petite structure cultuelle ou d’un dépôt votif.
Après un hiatus d’occupation au IVe siècle, le bâtiment a été restructuré et occupé au Ve voire au début du VIe siècle. La pièce centrale est divisée par la construction d’un mur transversal, le cellier est comblé et un nouveau cellier est aménagé dans la même pièce. Sur le comblement de l’ancien cellier, un foyer est également bâti avec trois types de matériaux : terre crue, pierre et tegulae. Ces éléments (foyer et cellier) plaident pour un espace plurifonctionnel à vocation domestique.
(T. Canillos, Mosaïques Archéologie)
(B. Durand, Mosaïques Archéologie)
(M. Couval, Mosaïques Archéologie)
Manifestement, les vestiges découverts ne correspondent pas aux plans traditionnels des fermes du midi, qui comportent fréquemment des installations de type chai, cuve et/ou pressoir. Les activités de commerce ou de productions spécialisées ne sont pas envisageables, compte tenu de l’indigence des indices matériels découverts. L’ensemble des structures et le mobilier collecté confirme le caractère uniquement domestique des deux bâtiments.