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Un domaine viticole Gallo-Romain au lieu-dit La Font de Mauguio, à Mauguio (Hérault)

Mosaïques Archéologie a mis au jour, en 2018, un établissement antique Gallo-Romain, associé à un chai, et son vignoble, aux abords de l'étang de l'Or, au sud-est de Montpellier.

Cet ensemble revêt un caractère particulier dans un secteur de plaine littorale où peu d’établissements antiques de cette nature ont fait l’objet de fouille, à ce jour.

FOSSES ET SILOS NEOLITHIQUES

La première phase d’occupation remonte au Néolithique final (2800-2600 av. J.-C.). Neuf fosses et silos sont répartis de manière irrégulière à l’est et au sud de l’emprise ; ils illustrent une ou plusieurs aires de stockage de denrées alimentaires, certainement en lien avec un habitat découvert à proximité lors de recherches antérieures. Une meule à va-et-vient laisse aussi présager une zone de transformation des aliments à proximité. Une fois abandonnées, ces fosses ont été bouchées, parfois à partir de rejets liés à l’habitat.

UN ESPACE AGRICOLE

Les aménagements rattachés à cette seconde phase d’occupation témoignent d’une mise en valeur agricole opérée en deux temps. Tout d’abord, intervient le creusement de fossés de drainage et de fosses aux fonctions indéterminées entre le IIe et le Ier siècle av. J.-C. au plus tard. Dans un second temps, on note le comblement de ces structures, ainsi que la plantation d’un vignoble qui aurait fonctionné entre la fin du IIe siècle av. J.-C. au plus tôt et les années 30-40 ap. J.-C. Cette parcelle viticole éclaire un dispositif de plantation en fosses subcirculaires de 0,20/0,26 m de long pour 0,18/0,22 m de large, jusqu’à présent inédit dans ce secteur pour cette période chronologique. La densité du vignoble, évaluée à plus de 5000 pieds au minimum sur 3354 m², soit plus de 15000 pieds à l’hectare, ainsi que l’utilisation du provignage et une longue durée d’utilisation suggèrent une vigne assez importante. Le problème de l’exploitation de cette vigne reste toutefois posé puisqu’aucune des structures qui seraient nécessaires à cela n’ont été découvertes. Il faut attendre une réorganisation et une extension du vignoble au Haut-Empire, pour observer de tels aménagements.

  • Localisation

    Mauguio, Font 3 (Occitanie)

  • Année d'intervention

    2018-2020

  • Période

    Gallo-romain

  • Responsable d’opération

    Maxime Scrinzi

  • Maître d’ouvrage

    SPL l'Or Aménageur

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Puits PT2008 avant fouille

(F. Ortis et M. Scrinzi, Mosaïques Archéologie)

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Fond du puits PT2008 avec vases de puisage brisés

(J.-M. Fabre)

UN ÉTABLISSEMENT VITICOLE

La densification de la mise en valeur agricole à la Font de Mauguio durant le Haut-Empire est marquée par la construction d’un bâtiment d’exploitation centré sur l’activité vinicole et autour duquel se développent vignes, vergers, puits et fossés de drainage, entre la fin du Ier siècle av. J.-C. et le milieu du IIe siècle ap. J.-C. Malgré un fort arasement qui nous prive des niveaux d’occupation et de l’essentiel des structures, tout un pan du chantier de construction de l’édifice a pu être appréhendé, grâce à la fouille d’une fosse de gâchage de mortier. Le bâtiment a été construit au moyen de pierres calcaires liées au mortier dont des traces ont été découvertes dans les tranchées d’épierrement. Ce dernier présente un plan en L inversé orienté sud-est/nord-ouest, pour une superficie estimée à près de 415 m². L’aile sud est composée d’une cour, par laquelle on accède grâce à une porte charretière, ainsi que de plusieurs pièces liées au foulage, au pressurage du raisin et à la réception des jus de presse. Quant à l’aile nord, elle accueille un chai pouvant contenir jusqu’à 70 dolia, soit une capacité assez importante comprise entre 930 et 1308 hl.

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Hypothèse de restitution du bâtiment viticole

 (M. Scrinzi, Mosaïques Archéologie)

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Hypothèses de restitution du niveau de sol en coupe par rapport aux profondeurs des fosses de récupération de dolium et des tranchées d’épierrement

(M. Scrinzi, Mosaïques Archéologie)

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Fond de dolium en place dans le chai

(M. Guintrand, Mosaïques Archéologie)

L’importance de l’activité viticole s’illustre également par les parcelles de vignes alentour. Les traces de provignage classique et « en foule » dénotent une intensification progressive de la viticulture pendant la durée de vie de l’établissement. La situation de ces vignes au plus près du bâtiment agricole répond à une volonté de faciliter la gestion et l’entretien des champs. En parallèle de la viticulture, la pratique de complants au sud du bâtiment, suggère également des cultures arboricoles mal appréhendées par la fouille, mais dont les restes anthracologiques et carpologiques significatifs conservés dans l’un des deux puits permettent d’y voir du Noyer, de l’Olivier et de l’Abricotier/Amandier/Pêcher. Toutefois, cette activité devait être secondaire, au même titre que l’élevage, dont les seules traces ont été révélées dans le puits. La céréaliculture était quant à elle absente.

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Fosses de plantation de vigne illustrant la pratique du provignage

(V. Lauras)

Aucun espace d’habitat en lien avec cet établissement n’a clairement été identifié, mais la présence de deux puits cuvelés et la découverte d’un fragment de miroir pourraient indiquer l’existence d’un habitat sur ou à proximité immédiate du site. Le domaine perdure jusqu’au second quart ou la seconde moitié du IIe siècle, après quoi le site est définitivement abandonné et démantelé. L’absence de mobilier postérieur à la fin du IIe siècle témoigne d’un épierrement assez rapide après l’abandon des lieux.