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Une occupation militaire romaine tardo-républicaine sur le Lampourdier à Orange (Vaucluse)

Au sud-ouest de la commune d'Orange, le projet d'extension de la carrière Lafarge sur la zone occidentale du massif du Lampourdier a donné lieu au préalable à une fouille préventive, en 2016, sur une superficie d'environ 1,7 ha.

Les équipes de Mosaïques archéologie ont confirmé la présence d’une série de structures et de mobilier archéologique en lien avec une occupation militaire d’époque tardo-républicaine (fin du IIe siècle av. J.-C.).

UN ESPACE FORTIFIE

Située sur un secteur stratégique dominant la vallée alluviale du Rhône, la partie occidentale du massif du Lampourdier présente un replat peu large culminant à 105 m d’altitude. Il est bordé à l’ouest et au sud par des versants très escarpés voire, par endroit, par des parois sub-verticales. Il constitue ainsi un lieu propice à une installation humaine et facilement défendable. Dans la partie est de la zone de fouille, là où le site est le plus accessible, une levée défensive, orientée nord/sud traverse toute la zone de fouille sur 170 m de longueur. Elle est conservée sur une largeur de 10 à 15 m et une hauteur maximale de 60 cm mais, à l’origine, elle devait être plus haute. À l’inverse de ce que l’on observe habituellement, cette levée défensive n’était pas associée à un fossé défensif.

LES STRUCTURES A L’INTERIEUR

L’espace intérieur, protégé par la levée défensive, renferme peu de structures. Dix-neuf amas de galets de fronde ont cependant été trouvés. Ils s’insèrent essentiellement dans un système organisé qui suit trois alignements : deux sont parallèles à la levée, l’un la jouxte alors que l’autre est plus éloigné à environ 40 m, et le troisième est perpendiculaire à la levée. Les galets ont été sélectionnés selon des critères de forme et de dimensions ; ils devaient être ovales et mesurer en moyenne 4 x 5,3 cm. Les amas ont été constitués pour servir de réserve de projectiles pour les frondeurs positionnés derrière la levée défensive.


Dans la partie sud de la zone de fouille, deux fosses, datant aussi de la période tardo-républicaine, ont aussi été découvertes ; elles contenaient des ossements d’équidés et quelques ossements humains. L’association d’ossements équins et humains dans une même fosse ainsi que quelques traces d’un passage au feu, dans l’une des fosses, peuvent faire penser à un rituel guerrier celte pratiqué par le vainqueur après une bataille.

  • Localisation

    Orange, Vaucluse

  • Année d'intervention

    2016

  • Période

    Antiquité

  • Responsable d’opération

    Yahya Zaaraoui

  • Maître d’ouvrage

    Lafarge Granulats

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Fosse à équidés et à restes humains

(A. Ayasse, Mosaïques Archéologie)

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Piquet de tente en fer (à gauche), pointe de pilum en fer avec pointe à section triangulaire (au centre et à droite)

(Cliché M. Gagnol, Mosaïques Archéologie)

Plusieurs dépotoirs témoignent également de la vie quotidienne. Le mobilier est composé de rejets de consommation ou d’artisanat : restes d’amphores italiques et, plus rarement, assiette, coupe, meule ainsi que quelques ossements de bovidés. La découverte dans le même secteur de plusieurs piquets de tente et l’absence de toute autre structure montre que les soldats étaient installés dans des tentes.

LES MILITARIA

Les campagnes de sondages et de prospections précédentes avaient déjà mis au jour un nombre important d’objets métalliques en lien avec les militaria, les objets liés à l’activité militaire. La fouille par les équipes de Mosaïques archéologie a enrichi considérablement ce corpus. Au total, plusieurs centaines d’objets ont été découverts : un grand nombre de clous de caligae (les sandales romaines faites avec des lanières en cuir), beaucoup de monnaies républicaines, mais aussi des pièces d’armement (pointes de lance), des pièces d’armures et d’autres instrumentum participant à la vie quotidienne du soldat romain. La majeure partie de ce mobilier métallique a été systématiquement géoréférencé avant d’être collecté, il constitue de ce fait un élément précieux pour appréhender la chronologie et la compréhension du site. La nature de ces objets confirme le contexte militaire du site du Lampourdier.

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Denier Manius Aquillius(revers)

(Cliché Y. Zaaraoui, Mosaïques Archéologie ; identification M. L. Le Brazidec)

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Denier Manius Aquillius(avers)

(Cliché Y. Zaaraoui, Mosaïques Archéologie ; identification M. L. Le Brazidec)

L’ensemble de ces vestiges s’intègre dans un schéma inédit d’une occupation militaire sur un relief escarpé, rarement observé en Gaule méridionale pour la période antique. Même si les informations livrées par les vestiges restent limitées, ce site apporte néanmoins des données archéologiques inédites relatives à l’organisation d’une occupation militaire de l’extrême fin du IIe siècle av. J.-C. à proximité d’Orange.