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UN QUARTIER DE LA VILLE MEDIEVALE DE SAINT-MAXIMIN (LE VAR)

En 2017, la place Malherbe de Saint Maximin a fait l'objet d'une fouille archéologique organisée en deux tranchées. Les vestiges ont montré une occupation de ce secteur extra-muros de la ville (à l'ouest du rempart médiéval, près de la porte d'Aix) dès le XIIe siècle et jusqu'à l'époque contemporaine

UNE AIRE D’ENSILAGE DU MOYEN ÂGE CENTRAL

Les plus anciens vestiges découverts dans la zone de fouille consistent en une série de cinq silos localisés dans les parties nord et ouest de la place. Creusés dans le substrat, ils épousent un profil classique en ampoule. Deux au moins présentent des dimensions très importantes avec un diamètre maximum de 2 m et une profondeur de 2 m en moyenne. Pour le moment, rien ne permet de déterminer leur contemporanéité ni de définir les limites de l'aire d’ensilage. Quelques tessons de céramique à pâte grise permettent de rattacher ces structures aux XIe et XIIe siècle. À trois reprises, ces silos ont été coupés par des maçonneries ou des remblais, datés entre la fin du XIIIe et le XVe siècle.

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Silo à grain creusé dans le terrain naturel, XIe-XIIIe siècle

(F. Ortis, Mosaïques Archéologie)

  • Localisation

    St Maximin, place Malherbe, Var

  • Année d'intervention

    2017-2020

  • Période

    Moyen Âge / Époque moderne

  • Responsable d’opération

    Aurélie Masbernat – Buffat

  • Maître d’ouvrage

    Ville de St-Maximin-la-Ste-Baume

UN QUARTIER EXTRA-MUROS DE LA FIN DU MOYEN ÂGE

Dans les parties centrale et occidentale de la place, plusieurs maçonneries ont été dégagées : des murs orientés nord-ouest/sud-est et nord-est/sud-ouest, généralement conservés sur quelques assises. Le mobilier céramique provenant des tranchées de fondation et/ou des remblais d’installation autorise une datation relativement fine entre le courant du XIIIe et la première moitié du XIVe siècle. Dans certains cas, de fins niveaux de sol en mortier sont conservés partiellement. C’est dans un de ces niveaux de circulation qu’un petit coffre, dont seules les charnières en fer étaient conservées, a été découvert. Il renfermait une coquille Saint-Jacques, des perles en pâte de verre, des épingles en bronze, une boucle de ceinture décorée datée du début du XIVe siècle et de belles attaches de vêtement en argent doré.

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Cadastre napoléonien du XIXe siècle avant la démolition des remparts

(archives de la ville de Saint-Maximin, figure réalisée en 1811)

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Attaches de vêtement en argent doré

(N. Clément, Mosaïques Archéologie)

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Détail d’un mortier posé sur un sol en chaux d’une maison du quartier de la porte d’Aix, XVe-XVIe siècle

(M. Marmara, Mosaïques Archéologie)

À cette phase, est associée une grande fosse creusée dans le terrain naturel jusqu’à 2,50 m sous le niveau actuel. Située dans la partie ouest du chantier, nous pensons qu’elle a pu servir de cave, avant d’être utilisée comme dépotoir (céramique et faune). L’implantation des tranchées n’a pas permis de dégager des portions du rempart, a priori contemporain de cette phase. Les bords du fossé d’enceinte n’ont pas non plus été vus lors de cette opération. Cependant, dans les tranchées orientales, à 2 m sous le niveau actuel, le substrat n’a pas été atteint. Dans les tranchées plus occidentales, les niveaux naturels apparaissent entre 1,10 m et 1, 50 m sous le niveau actuel. Ceci laisse supposer que le fossé passait à cet emplacement.

DES JARDINS MODERNES

Dans la partie nord-est de la place là où se développait probablement le fossé d’enceinte, une succession de remblais a été observée. Un mur bien maçonné, orienté est/ouest a été également dégagé. Au début du XVIe siècle, les textes font état de l’abandon du fossé d’enceinte : la zone est alors transformée en jardin. D’après les plans anciens datant de 1828, ce mur pourrait correspondre à la limite septentrionale des jardins modernes. Lorsque le rempart est démoli en 1828, les jardins sont remblayés avec les terres du cimetière pour l’aménagement de la place Malherbe. Les couches livrent à cet endroit quelques ossements humains épars et plusieurs aiguilles de linceul en bronze.

UN FAUBOURG DE LA VILLE MODERNE ET CONTEMPORAINE

La fouille a mis en évidence plusieurs ensembles bâtis en particulier dans la partie sud-est de la place, au niveau de la porte d’Aix. Au moins quatre ont été cernés. Dans tous les cas, ils sont délimités par des murs liés au mortier. Souvent bien conservés, les fondations n’ont pas été atteintes (à 2 m sous le niveau actuel). Dans un cas, le niveau de circulation a été dégagé. Les maçonneries sont très probablement implantées dans les niveaux de remplissage du fossé d’enceinte. Le mobilier céramique permet une datation entre la fin du XVe  et le XVIIe siècle, ce qui est cohérent avec les sources écrites.

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Mur conservé d'une cave du quartier de la porte d'Aix entre le XVe et le XVIe siècle

(A. Masbernat-Buffat, Mosaïques Archéologie)

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Calade du XIXe siècle marquée par une rigole permettant l’évacuation des eaux

(A. Perisco)

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Vestiges #02 d'une maison du quartier de la porte d'Aix entre le XVe et le XVIe siècle

(A. Masbernat-Buffat, Mosaïques Archéologie)

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Vestiges #01 d'une maison du quartier de la porte d'Aix entre le XVe et le XVIe siècle

(A. Masbernat-Buffat, Mosaïques Archéologie)

Dans le courant du XVIIIe siècle, la place est aménagée et les dernières maisons de la Porte d’Aix sont détruites. Dans la première moitié du XIXe siècle, se développe, au-dessus, une calade dont l’axe de la rigole centrale paraît suivre l’orientation du rempart. Il s’agirait probablement d’un canal d’évacuation pour les eaux usées ou les eaux de pluie.

Des fourneaux de cuisine, datés du tout début du XIXe siècle, ont été dégagés un peu plus au nord. Situé à l’angle d’une pièce, ils s'installent contre des maçonneries antérieures. C’est sous leur fondation qu’un trésor monétaire a été dégagé. Ce trésor était contenu dans une marmite de type Vallauris vernissée à bord carré. Le vase était scellé par une dalle en calcaire tendre de 20 cm de côté. Comblé partiellement par un sédiment sableux et fermé par un fragment d’assiette, le dépôt monétaire se composait au total de 179 monnaies dont 2 louis en or, 167 écus en argent et 10 demi-écus en argent.

Vue des fourneaux de cuisine datés du début du XIXe siècle (A. Masbernat-Buffat, Mosaïques Archéologie)
Vue des fourneaux de cuisine datés du début du XIXe siècle

(A. Masbernat-Buffat, Mosaïques Archéologie)

Trésor monétaire lors de sa découverte (A. Masbernat-Buffat, Mosaïques Archéologie)
Trésor monétaire lors de sa découverte

(A. Masbernat-Buffat, Mosaïques Archéologie)

Trésor monétaire en cours de fouille en laboratoire (N. Clément, Mosaïques Archéologie)
Trésor monétaire en cours de fouille en laboratoire

(N. Clément, Mosaïques Archéologie)

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Écus en argent du trésor monétaire avant et après restauration

(N. Clément, Mosaïques Archéologie)

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Louis d'or du trésor monétaire

(N. Clément, Mosaïques Archéologie)

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Monnaies en cours de restauration

(N. Clément, Mosaïques Archéologie)