LA CONSTRUCTION DE L’ÉGLISE ROMANE
Les principaux vestiges dégagés se rattachent à la phase de construction de l’église romane qui peut être divisée en trois étapes. Les travaux ont commencé avec la pose des fondations du mur gouttereau sud, c’est-à-dire le mur extérieur qui supportait la toiture et accueillait la gouttière. De nombreux niveaux de remblais ont ensuite été déposés, dans lesquels ont été fondés les piliers de la croisée et du chœur, ainsi que des murs qui les lient.
(A. Hartmann, H. Hansen (LA3M))
Localisation
Saint-Gilles, Gard (Vaucluse)
Année d'intervention
2017-2019
Période
Moyen Âge / Époque moderne
Responsable d’opération
Marilou Couval
Maître d’ouvrage
Ville de St Gilles du Gard
Ces couches de remblais sont de diverses natures. Les plus anciennes sont constituées de rejets de forge : niveaux très charbonneux avec de très nombreuses scories, des culots de forge, etc. Il y a ensuite une alternance de niveaux hétérogènes. Quelques-uns se composent d’éclats calcaires et de mortier et d’autres comportent des trous de poteaux. Ils sont tous assez indurés et correspondent à des surfaces de circulation. Il s'agit manifestement de rejets datant de la fin du XIIe siècle qui sont mis en place au fur et à mesure de l’avancement du chantier. Une fissure traversant la partie occidentale de la fouille témoigne de l’instabilité du sous-sol dans ce secteur. Elle semble se situer dans l’axe de celle observée dans la voûte de la crypte et à la base de la façade de l’église ; elle serait donc contemporaine du chantier de construction.
Nous n’avons observé aucun niveau ou structure en lien direct avec le fonctionnement de l’édifice. La seule couche qui peut donner d’éventuelles informations est un niveau très compact de teinte rosé contenant de nombreux petits galets. Sa composition est similaire à celle du mortier utilisé dans les maçonneries de l’édifice roman. Il pourrait s'agir du radier de sol de l’église.
OSSUAIRE ET INHUMATIONS
Contre la fondation du pilier sud à la limite entre le transept et le déambulatoire, un ossuaire a été mis au jour. Il a été créé lors de la phase de construction de l’église et contient les ossements d’individus datés entre la fin du Xe et le milieu du XIe siècle. Ils proviennent probablement d’une aire sépulcrale antérieure, perturbée par les travaux de construction.
(M. Gourlot, Mosaïques Archéologie)
Quelques inhumations en linceul, d’époque moderne, ont été observées dans le déambulatoire. L’une d’elles présente des caractéristiques originales. Elle possède une fosse large de 15 à 20 cm dans laquelle un individu de sexe féminin de plus de 40 ans a été déposé en décubitus dorsal, c’est-à-dire allongé sur le dos en respectant l’alignement de la tête, du cou et du tronc. L'extrême étroitesse de l’espace (entre 15 et 20 cm) comprimait l’individu. Pour l’heure nous ignorons les raisons de cette pratique funéraire particulière qui ne trouve pas de parallèles à notre connaissance. Par ailleurs, cette aire funéraire est par la suite perturbée par un affaissement de la zone qui a ainsi créé une dépression. La raison de ce phénomène reste inconnue.
Lors de la guerre des religions, en 1522, l’église est en grande partie détruite. Elle est reconstruite au milieu du XVIIe siècle dans l’état que nous connaissons aujourd’hui. Le chœur, quant à lui, a continué à subir un épierrement jusqu’en 1794. Au milieu du XIXe siècle l’espace du chœur est réaménagé pour mettre en valeur les vestiges médiévaux et exposer des sarcophages antiques. Pour ce faire, un nivellement du sol est réalisé. Cette opération et les travaux réalisés dans le même temps sont clairement visibles dans la partie supérieure de la stratigraphie.
(P. Mougin, Mosaïques Archéologie)
(M. Couval, Mosaïques Archéologie)